Idée reçue : C’est la faute à l’ordinateur !
Que ce soit à un guichet de vente de billets de train ou dans des relations avec l’administration, nous utilisons souvent un ordinateur comme interface. Nous commandons nous-mêmes nos billets sur Internet, ce qui crée parfois des crispations ou de l’énervement (oubli des informations déjà entrées, nécessité de cliquer un nombre important de fois…). Quand nous passons par un intermédiaire humain, cela arrive également souvent qu’un employé rejette la faute sur l’ordinateur, voire sur… l’informatique !
Notez que personne n’accuserait la biologie en cas d’intoxication alimentaire ou la physique en cas d’accident nucléaire. Accuser l’informatique du fait qu’un programme ne puisse pas faire quelque chose, c’est comme accuser la chimie du fait qu’un gâteau ne soit pas assez sucré, ou accuser les lois de la physique quand sa voiture refuse de démarrer.
Quoi qu’il en soit, ce que nous avons demandé semble impossible ou du moins trop compliqué à l’ordinateur : est-ce vraiment impossible d’aller de la ville A à la ville B ? Pourtant, ici, ce n’est pas la capacité intrinsèque de l’ordinateur qui est mise en doute, c’est l’interface ou le programme.
Le programme, c’est un texte ou un schéma écrit par un humain ; c’est une série d’ordres, écrite dans un langage spécifique, qui explique à l’ordinateur ce que l’on veut qu’il fasse : fournir un itinéraire, donner son prix… en fonction de données stockées parfois ailleurs (liste des villes françaises ou des aéroports, remplissage des avions ou des trains, réductions possibles). Le programme avec lequel l’utilisateur interagit n’est que la partie émergée de l’iceberg. Sous l’eau, la partie immergée consiste notamment à gérer ces données en étant sûr de ne pas vendre la même place à deux personnes et de ne pas refuser de vendre des places libres.
Sur l’eau, la partie émergée de l’iceberg, c’est l’interface ! À la base, l’interface (comme l’interstice) est l’endroit de communication : c’est par là que l’humain interagit avec l’ordinateur, plus précisément interagit avec un programme donné qui doit exécuter une tâche. Parfois, cette interface est fautive : elle ne permet pas d’accéder à tout ce que le programme est capable de faire.
À propos d’interface, une blague en cours sur la sécurité informatique est que « Le problème, c’est l’interface chaise-clavier. »
Revenons à notre problème initial. N’aurait-il pas dû être prévu que ce qu’on veut faire soit possible ? N’y a-t-il pas quelqu’un qui, à un moment, a dit ce que doit faire un programme ou une interface ? Eh bien si ! Et cela s’appelle le cahier des charges. C’est un document en français qui détaille ce que demande et ce que fournit chaque morceau de programme, c’est-à-dire sa spécification. Mais ce cahier est gros et écrit par des humains. Imaginez que vous deviez détailler complètement ce que doit faire un site web de vente en ligne de billets d’avion. Une description exhaustive est gigantesque !
Bref, à qui la faute ?
- À l’employé ? En général, il est de bonne volonté, mais impuissant. Il lui est impossible d’accéder à votre demande. Il a beau cliquer partout et essayer tous les menus, ce n’est juste pas possible avec l’interface.
- Au programmeur ? Parfois, s’il n’a pas ou mal rempli les exigences demandées dans le cahier des charges, c’est-à-dire qu’il a laissé un bug ou ignoré une demande.
- À l’entreprise ? En effet, ce genre de développement logiciel est le plus souvent sous-traité. Un cahier des charges détaillant les fonctionnalités demandées est fourni au sous-traitant. Mais cet énorme cahier des charges est également sujet à des erreurs et à des manques. L’erreur peut donc résider dans la spécification du programme.
- À l’informatique ? Sûrement pas !
- À l’ordinateur ? Non, il n’est que l’exécutant d’un programme incomplet ou fautif, souvent résultat d’une demande incomplète ou fautive. Un parfait bouc émissaire !
« L’ordinateur obéit à vos ordres, pas à vos intentions. »
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