Les oscillations de Joseph Fourier ou l’histoire imagée d’un savant engagé
Le livre-BD « Les oscillations de Joseph Fourier », réalisé sous la direction scientifique de Hervé Pajot, professeur à l’université de Grenoble et membre de l’Institut Fourier, est paru à l’occasion des 250 ans de la naissance de Joseph Fourier (1768-1830). Il s’agit de la biographie d’un homme qui a participé à l’Histoire avec un grand H et a contribué de façon majeure aux sciences physiques et mathématiques. En effet, cet enfant d’Auxerre, pauvre et orphelin à 9 ans, est repéré par les moines qui le recueillent et lui offrent une bonne éducation. Sa soif d’apprendre et son intelligence exceptionnelle le conduisent à occuper un poste d’enseignant dès l’âge de 16 ans et demi. Les péripéties de la Révolution française ont des répercussions directes sur la vie de Fourier : alors qu’il se préparait à entrer dans les ordres pour pouvoir se consacrer à ses enseignements et ses travaux scientifiques, il est forcé de renoncer à y entrer pour les mêmes raisons. Il se voit tour à tour chargé d’organiser la levée des volontaires, accusé d’être un partisan de Robespierre et condamné à mort. Finalement, en 1795, il se retrouve étudiant dans la toute nouvelle ENS (École normale supérieure) à Paris, avec comme professeurs les plus grands savants de son temps : Laplace, Lagrange, Monge, Berthollet pour n’en citer que quelques-uns. Lorsque l’ENS ferme ses portes, Fourier enseigne les mathématiques et la mécanique à l’École polytechnique, nouvellement créée elle aussi. Mais cela ne dure guère : comme de nombreux autres savants, il part avec Napoléon Bonaparte pour l’Égypte en 1798. Il participera aux expéditions qui (re-)découvrent le passé glorieux de l’Égypte avec les pyramides ou la pierre de Rosette, il sera le secrétaire de l’Institut français au Caire et exercera avec profit ses talents de diplomate, jusqu’à la défaite face aux Anglais et le retour en France en 1801.
Nommé préfet de l’Isère, il continue à mener de front ses obligations et son activité scientifique. Là encore, il se lie d’amitié avec des personnes qui entreront elles aussi dans l’Histoire, telles que Jean-François Champollion qui déchiffrera les hiéroglyphes de la pierre de Rosette. Il contribue avec Jean-François Champollion et son frère à la fondation de l’université de Grenoble. Au retour de Napoléon de l’île d’Elbe en 1815, Fourier manifeste sa réprobation ; Napoléon ne lui en tient pas rigueur pour autant et le nomme préfet de Lyon. À la chute de Napoléon, Joseph Fourier rejoint Paris en 1815.
Fourier soumettra, en vain, son travail à l’Académie des sciences dès 1807, mais il ne le verra reconnu et récompensé qu’en 1812. Malade mais toujours actif scientifiquement, il continue à exercer son influence scientifique jusqu’à la fin de sa vie en 1830, vis-à-vis de Sophie Germain en particulier, première femme à pouvoir assister aux séances de l’Académie des sciences, grâce à Joseph Fourier, nommé membre de cette académie en 1816 et devenu secrétaire perpétuel en 1822.
Le livre-BD « Les oscillations de Joseph Fourier » résume la vie extrêmement riche de Fourier en plusieurs chapitres importants tels que son enfance, ses activités pendant la Révolution française ou sa participation active à l’expédition de Napoléon Bonaparte en Égypte. Chaque chapitre commence par une double page qui replace les événements de la vie de Fourier dans leur contexte historique et résume ses travaux. Il se poursuit par quelques pages de bande dessinée qui illustrent les épisodes correspondants, de façon plus imagée mais aussi plus elliptique. Ces deux formats narratifs se complètent donc très judicieusement.
« Les oscillations de Joseph Fourier » est une biographie très accessible de Fourier, illustrant de nombreux aspects de la vie de cet homme qui fut à la fois fort ancré dans son époque et constant dans ses avancées scientifiques. En cela, le titre « Les oscillations de Joseph Fourier », s’il se réfère à la contribution majeure de Fourier, qui est la décomposition en fonctions oscillantes de nombreux signaux, ne rend pas tangible la droiture et la trajectoire de cet homme qui n’a pas dévié de la ligne de vie qu’il s’était choisie. La vie de Fourier fut tellement riche que l’on regrette parfois qu’elle soit aussi rapidement traitée, mais c’est sans doute là une contrainte imposée par le format BD : 60 pages seulement, on en redemanderait bien davantage !
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Nathalie Revol
Chargée de recherche Inria dans le projet AriC, au LIP, École Normale Supérieure de Lyon.