Idée reçue : L’informatique, ce n’est pas pour les filles
Certes, il n’est pas toujours facile d’être une femme scientifique. En cachant son genre sous le sigle A.A.L. pour faire « sérieux », Augusta Adelaïde (dite Ada) Lovelace, affirmait dès 1820, dans une vision juste de ce qu’allait devenir l’informatique : « La machine analytique n’a nullement la prétention de créer quelque chose par elle-même. Elle peut exécuter tout ce que nous saurons lui ordonner d’exécuter […] Son rôle est de nous aider à effectuer ce que nous savons déjà dominer. […] Des opérations numériques et aussi symboliques. »
À l’exemple d’Ada Lovelace, des femmes scientifiques jouaient déjà au siècle passé un rôle essentiel, encore que discret : elles traduisaient des écrits, corrigeant, complétant. Très souvent aussi elles apportaient un regard neuf, plus ouvert et moins « mécaniste » que celui des hommes, aux disciplines scientifiques qui les accueillaient. Elles sont plusieurs ainsi à avoir fondé la science de l’informatique, certaines oubliées aujourd’hui.
Ainsi Amélie Noether, mathématicienne et physicienne, expulsée d’Allemagne par les nazis en 1933, a fourni des bases mathématiques à la relativité générale et a conçu, entre autres, des processus algébriques permettant de « mécaniser des calculs ».
Grace Hopper, officier de la marine américaine et mathématicienne, a conçu en 1949 un algorithme qui permet de « programmer » les ordinateurs, en traduisant de l’anglais (codifié) en langage machine. À ce moment là, le logiciel ne valait rien, et le prestige revenait d’abord aux très masculins constructeurs de machines. Pourtant, cette invention féminine capitale a ouvert l’accès à l’informatique à un large public, à travers un langage informatique célèbre, le COBOL. En 1951, Grace Hopper encore mit au point avec son équipe le premier calculateur à disposer d’une mémoire tampon.
Toutes ces femmes ont ajouté à leur génie de savantes le courage de leur lutte pour s’imposer dans le monde masculin des sciences. Aujourd’hui, en France, 15 à 20 % des scientifiques de l’informatique sont des femmes, c’est encore bien peu. Odile Macchi est la première femme du domaine à être entrée à l’Académie des sciences, en 2004. L’informatique n’est certes pas la seule discipline en cause, rappelons-nous que Pierre Curie fut académicien, mais pas Marie ! Odile Macchi a mené, entre autres, un travail exceptionnel sur les systèmes adaptatifs, ces systèmes qui s’adaptent aux évolutions de l’environnement en optimisant leur fonctionnement en temps réel, sans apprentissage extérieur et sans s’interrompre.
Dans les pays émergents, la situation est différente, comme le relate Isabelle Collet dans un article intitulé « L’informatique a-t-elle un sexe ? » paru dans Le Monde diplomatique de juin 2007. À cette date, en Malaisie, à la faculté d’informatique et des technologies de l’information de Kuala Lumpur, tous les responsables de département sont des femmes ; à Penang, il y a 65 % d’étudiantes en informatique, et sept de leurs professeurs (sur dix) sont des femmes, leur responsable aussi.
L’image de l’informaticien geek ou hacker, à la limite de l’asocial, colportée par nombre de fictions, ne doit pas masquer la grande diversité des métiers de l’informatique et l’imbrication, au sein de multiples secteurs professionnels, de cette science.
Alors les filles ?
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